
Tel un rituel, Roland Dyens commence par une improvisation. Magistral. S’enchaîne ensuite le Thème et Variations sur Malbrough s’en va-t-en guerre de celui qu'il considère comme son « aïeul ». Empreinte d’une solennité rare et d’une extrême justesse, l’interprétation de Roland Dyens est à la hauteur de l’estime qu’il porte à Fernando Sor, et celle-ci se veut tout aussi habitée dans le cycle des trois valses (Valse des Loges et Valse des Anges de lui-même, et Valse op.8 n°3 d’Augustin Barrios) qu’il dédie à son ami Francis Kleynjans, présent dans la salle. Outre les qualités du musicien, ce sont aussi ses indéniables qualités d’homme qui s’imposent à nous quand il annonce son programme avec un délicat humour, et quand il témoigne à son public des gestes d’affection. Pour preuve, le baiser qu’il envoie à un enfant turbulent (pour s’excuser de l’avoir semoncé quelques secondes auparavant) en pleine interprétation de l’Aria de la Bachianas n°5 de Villa-Lobos… Superbe « rencontre » que celle de ce soir. Villa-Lobos toujours, dans son Etude n°5 précède le moment jazzy avec les grands standards Nuages et Take the A Train. Les auditeurs sont loin d’être lésés puisqu’en prime, Roland Dyens nous gratifie de deux nouveaux arrangements sur le thème de la mer réalisés la semaine précédant le récital (Alfonsina y el Mar d’Ariel Ramirez et Thalassa Platia du grec Manos Hadjidakis). Enfin, pour conclure la soirée, une version « revue et dérangée » (comme le musicien s’est lui-même amusé à le dire) du célèbre Berimbau de Baden Powell vient parachever, à la manière d’un hommage au Brésil, cette fête de la guitare. Ce soir, pour clôturer le IIIème Festival International de Guitare de Rueil-Malmaison, il nous a été délivré un concert ô combien spirituel tant la musicalité, la richesse et l’originalité de ce musicien se sont imposées comme une évidence.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire